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La vigne à La Hulpe : toute une histoire ! 
 
D’abord considérée comme une activité complémentaire, la culture de la vigne (sous serre) apparut à La Hulpe vers 1880. A cette époque, quelques familles se mirent à construire l’une ou l’autre serre en bois dans leur jardin. Au fur et à mesure du développement des techniques, notamment du chauffage ou encore du chemin de fer et du tram vicinal permettant le transport du combustible (charbon) et des précieuses grappes, la culture de la vigne à raisin de table se développa. Les plus grandes exploitations pouvaient compter jusqu’à 150 serres à structure en acier ou en aluminium. 
 
Cela peut nous paraître étonnant aujourd’hui, car nous n’en voyons guère plus, mais il y avait des serres à peu près partout dans notre région viticole ! Elles étaient essentiellement concentrées du côté de Baekenbos et du Rouge-Cloître, où l’on peut encore en croiser quelques-unes aujourd’hui, ou encore dans le quartier de la Gare (Parc-Corniche), dans le Centre (« plateau Castaigne », rue de Gaulle, rue Soyer), au Champ des Mottes et aux Névelaines (quartiers qui n’étaient pas encore lotis), ou encore à Gaillemarde. 
 
La culture du raisin culmina vers 1960 : à cette époque, on comptait environ 1.650 serres réparties dans tout La Hulpe, sur les 34.000 que comptait la région (La Hulpe, Hoeilaart, Overijse). 
 
Vu ce succès, la Province du Brabant développa l’école d’horticulture et de viticulture, ainsi qu’une station de recherche. Des expériences poussées furent menées pour croiser des variétés et les rendre plus adéquates à la culture sous serre, à la qualité du sol ou à la période de production (culture hâtive, normale ou tardive, pour étaler la production sur l’année). Frankenthal, Muscat, Colman, Royal, Ribier ou autre Léopold III se trouvaient sur toutes les tables, des paysans locaux aux plus grands restaurants des capitales européennes. 
 
Cette culture nécessitant une main d’œuvre nombreuse et qualifiée (pas ou peu de mécanisation possible sous serre), donc chère, fut très touchée par l’ouverture des frontières à partir du développement du Marché commun et par les coûts sans cesse croissants du chauffage des serres suite à la crise pétrolière. La rentabilité n’étant plus au rendez-vous, seuls quelques viticulteurs subsistèrent à Overijse et Hoeilaart, plus aucun à La Hulpe. 
 
Le Vignoble du Bois des Dames, certes modeste si on le compare aux dizaines d’hectares couverts de la grande époque viticole, perpétue aujourd’hui cette tradition de passionnés du terroir et de produits de bouche de qualité, en réorientant la production vers la transformation du raisin en vin, dans un esprit associatif prônant la convivialité et la joie de se retrouver dans la nature ou autour d’une bonne table. 

  
Thibaut Boudart, Vice-président du Cercle d’Histoire, d’après Marcel Lecomte, « La vigne à La Hulpe », dans Moissons d’Histoire, Cercle d’histoire de La Hulpe, 2001